Interview de Joƫlle Riboni, Vassilissa
Vendredi 12 juin au Centre Culturel de Foix, l'Estive, a eu lieu la représentation du spectacle inter associatif Vassilissa avec le soutien de la Ville de Foix. Des mois de travail et de répétitions ont précédé ce spectacle. Nous rencontrons Joëlle Riboni la créatrice et metteur en scène

Question : Bonjour Joëlle Riboni, Nous allons parler du spectacle Vassilisa qui a eu lieu le 12 juin dernier. Comment définiriez-vous votre rôle sur ce projet ?
Joëlle : Je suis l'initiatrice et la coordinatrice du spectacle inter associatif fuxéen et de l'ensemble du projet. En quelque sorte la garante de la cohérence artistique du spectacle, et puis, je suis l'auteur du texte.
Question : Comment vous est venue cette idée de spectacle ?
Joëlle : D'abord, Vassilissa est la petite sœur de Gédéon, un projet datant de 2003 initié par Jean-Michel Maury (l'ancien directeur de l'École Municipale de Musique) et parrainée par l'Ensemble Instrumental de l'Ariège qui était sur scène à l'époque. Il y avait également beaucoup de participants (l'Atelier Chorégraphique de l'Ariège, les musiciens de Trad'Estiu...) et moi-même en tant que metteur en scène.
Mon fils Thomas jouait dans ce spectacle et du haut de ces 7 ans, ce devait être "énorme", magique, une formidable expérience. Depuis il me demande régulièrement pourquoi ne pas refaire un spectacle comme Gédeon. À sa manière, il a pris soin de souffler sur les braises...
C'est une énorme prise de risques et de responsabilités à tout niveau d'avoir initié ce nouveau spectacle surtout sans Jean-Michel et sans porteur de projet.
Fin 2013, je suis allée rencontrer Laurent Simonet, le président de Foix Terre d'Histoire, afin que leur association soit le porteur du projet.
Ce fut un soutien important dès le départ pour la compagnie Arlequin des Étoiles qui de fil en aiguille s'est retrouvée porteur de projet. Puis Fabien Guichou a adhéré à la démarche et le Fajip a rejoint l'aventure. Deux associations solides et deux personnalités inestimables pour me prêter main forte dans l'organisation.
Enfin, l'essence du projet est de fédérer et de témoigner que les différences peuvent rassembler et amener à dépasser les peurs, les jugements, les préjugés, .... Le projet montre que l'on peut créer du beau tous ensemble. Un microcosme local de ce qui forcément possible à l'échelle de notre planète. Vassilissa concrétise une philosophie de vie : nourrir la lumière.
Quant à l'histoire de Vassilissa, c'est un coup de cœur ancien. J'ai réécris le conte sans penser à la scène car c'est mon travail d'auteur avant tout, puis ensuite en écrivant me sont venus des flashs, des images, ... ce n'est pas la réflexion qui fait naître un spectacle, du moins les premières étincelles, c'est l'inspiration, l'intuition. On ne peut pas l'expliquer mais on sait que c'est juste.
Question : Comment se sont passées les répétitions ? Des moments forts ?
Joëlle : Il y a toujours les deux côtés de la médaille ; le côté angoissant de travailler et de ne jamais avoir tout le monde présent aux répétitions, parce que nous étions nombreux (plus de 100 participants) que chacun a sa vie et ses projets en dehors, ... En même temps, j'ai toujours eu une vue d'ensemble assez proche du résultat final depuis le début, c'est là où j'ai eu l'avantage de la place de metteur en scène. Je n'ai jamais désespéré devant la difficulté des répétitions, les absences, le manque de temps, ... Ce qui est beau c'est ce que l'on ne connaît pas vraiment ce qui va se passer au moment venu, il faut laisser l'inattendu advenir. Des liens se sont tissés entre les comédiens, les musiciens, les danseurs ; il y a eu des interactions qui font que les choses se passaient naturellement, quelques fois sans mise en scène.
Personnellement, j'ai besoin d'avoir les personnes sous les yeux pour mettre en scène, je suis plutôt ce qu'on appelle un metteur en scène de plateau.
Les répétitions ont surtout été le travail de chaque association, au départ chaque association a travaillé de son côté puis sont venues les répétitions communes pour faire les liaisons entre chaque groupe et chaque scène.
Un moment magique fut la création d'un morceau en live entre les Chocolats Blancs et Critical Quartet Experience. . Philippe Groulard était mon bras droit niveau musique sur le projet et on voulait vraiment quelque chose de neuf pour rentrer dans l'esprit du projet.
Mais des moments magiques, il y en a eu des tas, au studio de l'Ecole de danse de Nadège Berton ou une comédienne (Axelle) rencontre une danseuse (Lola) ou encore à l'Ecole de danse de Fabienne Rumeau entre les danseuses et Marie-Pierre qui jouait la mère. Ce fut un très beau travail de toutes les associations, un investissement énorme. Il faut voir ce que chacun a apporté à l'autre sur ce projet. Les moments magiques c'est l'instant présent où on laisse vivre le projet et où on est en train de créer ensemble.
Question : Qu'est ce qui vous a marqué le soir du spectacle ?
Joëlle : J'ai d'abord eu un gros moment de solitude car je n'étais pas dans les loges où il y a eu l'effervescence du spectacle et du moment présent. Je me concentrais pour être à mon poste, suivre le déroulement du spectacle, faire rentrer les gens au bon moment, ... Finalement je ne sais pas si je servais à grand chose (car chacun connaissait parfaitement sa place)
Le silence du plateau juste avant de commencer le spectacle, c'est sacré. Le plateau est habité, il n'y a pas grand monde dans les loges, personne dans la salle, mais le plateau est quand même habité) Puis le salut, cette communion, d'avoir les 103 participants plus les profs, 120 personnes sur scène et plus de 600 personnes debout dans la salle et là pour le coup... j'ai su que je n'allais pas être efficace du tout dans mon discours, surtout quand on m'a amené le micro. J'ai horreur des discours. Mais surtout, j'ai su que le quatrième mur n'avait pas existé pendant le spectacle. Un moment magique.
Question : Qu'est ce que vous appelez le quatrième mur ?
Joëlle : C'est l'espace entre la scène et le public. Quand on est sur scène c'est ce qui nous sépare du public, un mur imaginaire ou "intellectuel". Je crois bien que pour Vassilissa, il est tombé tout seul sous la puissance de l'énergie de la joie, de "cent trois coeurs debout" qui envoyaient le meilleur d'eux-mêmes à une salle comble.
Question : Qu'est ce qui a été le plus dur pour monter le spectacle ou le projet ?
Joëlle : Aucune idée. Je ne suis pas quelqu'un qui voit les difficultés comme des problèmes mais comme des situations à résoudre. Peut-être le manque de temps ou la fatigue ont été sources anxiogènes mais j'ai toujours eu confiance et j'ai toujours eu des personnes présentes au bon moment pour me soutenir avant de craquer et de dire "stop".
Certainement la recherche de financement a été l'étape la plus complexe. C'est la première fois depuis 12 13 ans qu'un tel projet se reproduisait et il a fallu convaincre du bienfondé de cette démarche, des intérêts. Ensuite, je n'ai pas su, je pense, mettre en place une collaboration efficace sur tous les aspects en dehors de la création. C'est vrai, j'aurais aimé que cela soit plus participatif dans l'organisation proprement dite, tout ce côté logistique a été un peu lourd.
Question : Quels sont vos nouveaux projets ?
Joëlle : Tatam... transformer Vassilissa en pièce professionnelle tout d'abord. Et de faire le bilan de celui-ci car je pense que c'est une belle expérience à renouveler sur le long terme et de revenir à des choses simples. Puis prendre soin des graines issues de toutes ces rencontres... des surprises sans doute !
Question ; Un dernier mot ?
Joëlle : Merci à tous et à tout se qui s'est passé. Tout le monde était beau même dans les moments difficiles. Revenir à l'essentiel. Avec ce projet on a touché à l'essentiel : y croire.
Question : Merci Joëlle.